Allaiter un bébé est déjà une aventure. Mais allaiter deux enfants, à des âges différents, c’est une véritable rencontre entre deux mondes lactés. Le co-allaitement, ou tandem breastfeeding, fascine autant qu’il interroge. Après une nouvelle grossesse, certaines mamans choisissent de poursuivre l’allaitement de leur aîné tout en nourrissant leur nouveau-né au sein. Le lait maternel, produit par un corps d’une incroyable intelligence hormonale, s’adapte à chaque tétée, à chaque besoin, à chaque enfant.
Cette pratique naturelle, pourtant ancienne, reste méconnue, parfois jugée, souvent mal comprise. Certaines études suggèrent des bienfaits nutritionnels, émotionnels et même immunitaires.
Le co-allaitement n’est pas qu’un choix : c’est une expérience de connexion profonde, une décision qui unit la mère, le bébé et le bambin dans un rythme unique, entre tétées, câlins et fatigue.
Découvrons ensemble comment cette aventure lactée peut transformer la vie quotidienne et renforcer la fratrie.
Qu'est-ce que le co-allaitement ?
Le co-allaitement consiste à nourrir deux enfants, simultanément ou à tour de rôle, selon les besoins de chacun. Il peut s’agir de jumeaux, mais aussi, et plus souvent, de deux enfants d’âges différents : un nourrisson et un aîné encore allaité.
Contrairement à l’idée reçue, cette pratique est naturelle et fréquente dans de nombreuses cultures. En France, elle reste moins répandue, bien qu’elle suscite un intérêt croissant chez les jeunes mères engagées dans un allaitement long ou à la demande. Un grand nombre de mères pratiquant le co-allaitement ont continué à allaiter pendant la grossesse.
Le co-allaitement peut se mettre en place dès la naissance du deuxième enfant, si l’aîné est encore allaité. Il peut aussi être instauré après un court sevrage. Souvent, il y a une pause de quelques jours au moment de l’accouchement.
Certaines femmes choisissent d’alterner, d’autres optent pour les tétées en tandem.
Chaque famille adapte cette pratique à son quotidien, selon les besoins des enfants, la capacité de la mère à produire du lait et le soutien de son entourage.
💡 Le co-allaitement reste un choix personnel, souvent guidé par le lien affectif fort entre la mère et ses enfants, et la volonté de prolonger ce moment de connexion, même après une nouvelle naissance.
Quels sont les bienfaits du co-allaitement ?
Le co-allaitement ne se résume pas à une simple continuité d’allaitement. Il peut offrir des avantages réels pour chacun des enfants, ainsi que pour la mère. Ces bénéfices varient selon l’âge des enfants, la fréquence des tétées et le contexte familial.
Les bénéfices pour le bébé
💡 Pour le nouveau-né, le sein reste une source essentielle de nutrition, d’hydratation et de réconfort.
En cas de co-allaitement, la mise au sein fréquente, notamment au démarrage, peut favoriser une montée de lait rapide et soutenue. La tétée de l’enfant plus grand stimule la lactation, ce qui peut être utile si la production tarde un peu au début.
Certains professionnels de santé observent que le nourrisson gagne parfois en poids plus rapidement grâce à cette stimulation lactée supplémentaire, surtout si l’aîné aide à « désengorger » les seins en début de tétée.
Les bénéfices pour l’aîné
L’arrivée d’un bébé peut être vécue comme un bouleversement. Pour un enfant encore petit, garder l’accès au sein peut sécuriser le lien avec sa mère et diminuer le sentiment de perte ou de rejet. Cela peut réduire les comportements de jalousie (dus à l'arrivée du petit frère ou de la petite sœur) ou les régressions fréquentes à cet âge (sommeil perturbé, demande de biberon ou tétine, etc.).
💡 Le co-allaitement permet donc parfois un passage en douceur vers la fratrie, tout en respectant le rythme de sevrage naturel de l’aîné.
Les bénéfices pour la mère
Du point de vue de la mère, co-allaiter peut renforcer le sentiment de continuité maternelle. Cela évite une rupture brutale avec l’aîné et permet de répondre aux besoins affectifs des deux enfants en même temps, sans culpabilité.
Le fait d’allaiter deux enfants peut aussi réguler la lactation de manière naturelle, sans avoir à recourir à un tire-lait de manière systématique. Certaines mères rapportent moins d’engorgement et une production mieux équilibrée, surtout si elles pratiquent les tétées en tandem.
Enfin, certaines femmes évoquent un plaisir émotionnel intense à vivre ces moments partagés, même si cela demande de l’énergie et de l’organisation.
Le co-allaitement modifie-t-il la composition du lait maternel ?
Le co-allaitement n’altère pas la qualité du lait. Au contraire, le corps de la mère ajuste naturellement la composition du lait maternel en fonction des besoins de son plus jeune enfant, qui reste prioritaire sur le plan biologique. Le nouveau-né profite même du colostrum.
Le lait produit contient donc tous les nutriments essentiels adaptés à l’âge du nourrisson :
- protéines,
- lipides,
- vitamines,
- enzymes digestives et anticorps.
La présence d’un aîné au sein n’empêche en rien cette adaptation.
Ce phénomène s’explique par la stimulation hormonale liée à la succion. Ce n’est pas l’âge de l’enfant qui détermine le contenu du lait, mais bien les signaux envoyés par son organisme pendant la tétée. Le lait produit peut varier d’un moment à l’autre de la journée, ou d’un sein à l’autre.
Il est donc tout à fait possible d’allaiter deux enfants sans craindre de « diluer » ou de « priver » le bébé de certains nutriments. Le corps maternel sait faire la différence et ajuste sa production avec une précision étonnante.
En cas de doute ou de situation particulière (bébé prématuré, faible prise de poids...), un accompagnement par une sage-femme peut aider à vérifier que chaque enfant reçoit la quantité et la qualité de lait dont il a besoin.
La production de lait est-elle suffisante pour deux enfants ?
La question revient souvent chez les jeunes mères : le co-allaitement permet-il de produire assez de lait pour deux enfants ? La réponse est oui, dans la majorité des cas.
La production de lait s’adapte à la demande. Plus les tétées sont fréquentes, plus la lactation est stimulée. C’est le principe même de l’allaitement à la demande. Ainsi, si deux enfants tètent régulièrement, le corps répond en augmentant la quantité de lait produite. Cette capacité d’adaptation est valable dès les premiers jours et peut se poursuivre aussi longtemps que nécessaire.
Dans certaines situations, l’utilisation d’un tire-lait comme le Perifit Pump peut aider à soulager les seins ou à gérer l’organisation des tétées, notamment si la mère souhaite constituer une réserve ou éviter un engorgement.
Il est important d’écouter les signaux du corps. Si une fatigue importante s’installe ou si des signes de baisse de lactation apparaissent (bébé qui semble insatisfait, moins de couches mouillées), il est conseillé de consulter une sage-femme ou une consultante en lactation pour ajuster les rythmes.
Quels sont les défis et difficultés du co-allaitement ?
Le co-allaitement peut être une expérience riche, mais il s’accompagne aussi de certains défis. Fatigue, organisation, réactions de l’entourage… autant de facteurs qui peuvent rendre cette période plus intense.
Fatigue et gestion du temps
Allaiter un bébé est déjà exigeant. En allaiter deux demande encore plus d’énergie. Les tétées fréquentes, le manque de sommeil et la charge mentale peuvent entraîner une grande fatigue physique et émotionnelle. Il est donc crucial de s’entourer et de demander du soutien, même pour les tâches les plus simples du quotidien.
Les tétées en tandem
Allaiter les deux enfants en même temps est possible, c'est une tétée en tandem. Cette pratique demande un peu de logistique, surtout au début : trouver une position confortable, gérer les besoins différents des deux enfants (durée, rythme, fréquence…).
Cette technique est souvent utilisée pour l'allaitement de jumeaux.
Impact sur le corps de la mère
Le corps reste très sollicité : douleurs au dos, tensions dans les bras, crevasses, fatigue généralisée…
Il est indispensable de varier les positions d’allaitement, de s’hydrater, et de veiller à une alimentation riche en nutriments.
Sevrage du grand enfant
Certains enfants allaités depuis longtemps vivent l’arrivée d’un bébé comme une menace. Ils peuvent alors redoubler de demandes au sein, parfois plus fréquentes qu’avant. D’autres au contraire se détachent naturellement.
Il est important de respecter leur rythme tout en posant des limites si la mère en ressent le besoin.
Jalousie entre frères et sœurs
Le co-allaitement peut atténuer la jalousie du grand en lui offrant un moment de contact privilégié. Mais cela ne suffit pas toujours.
Certains enfants manifestent leur frustration par des pleurs, des colères, ou des régressions. Valoriser les moments partagés, mais aussi créer du temps seul avec l’aîné, aide à préserver l’équilibre familial.
Comment organiser le co-allaitement au quotidien ?
Le co-allaitement peut s’intégrer naturellement dans la routine familiale, mais il nécessite quelques ajustements. Allaiter deux enfants demande de l’énergie, de la disponibilité et une certaine organisation. Chaque duo (ou trio) mère-enfants trouvera son propre équilibre, en fonction des besoins de chacun.
Dans les premières semaines, la priorité reste le nouveau-né. Il a besoin de téter plus souvent et plus longuement. Il est donc recommandé de lui donner le sein en premier, surtout si la mère sent une baisse de lactation. L’enfant plus âgé pourra téter ensuite ou en alternance, selon son âge et son rythme.
Il est aussi possible d’organiser des tétées en tandem, où les deux enfants tètent en même temps. Cela peut créer un moment apaisant pour tout le monde.
Quelques conseils pour mieux vivre le co-allaitement au quotidien :
- Créer un espace calme pour les tétées.
- Prévoir de l’eau et un encas à portée de main.
- Utiliser un coussin d’allaitement adapté aux deux enfants.
- Aménager des moments en tête-à-tête avec chaque enfant.
- Limiter les sollicitations extérieures les premières semaines.
- Accepter que la routine évolue selon les jours.
Pour certaines mères, le tire-lait Perifit Pump peut être un allié précieux. Il permet de recueillir du lait facilement, notamment lorsque la mère souhaite soulager ses seins entre deux tétées ou constituer des réserves pour l’aîné.
Enfin, la bienveillance envers soi-même est essentielle. Le co-allaitement n’est pas une performance. Il s’adapte aux capacités physiques et émotionnelles de la mère, qui évoluent au fil des semaines.
Et s’il faut, il est possible de décongeler du lait maternel pour un enfant pendant que l’autre tète, c’est aussi ça, la réalité du co-allaitement. S’adapter, jour après jour permet d'équilibrer l'allaitement en fonction du déroulé de la journée.
Existe-t-il des contre-indications médicales au co-allaitement ?
Le co-allaitement est généralement possible en bonne santé.
💡 Il ne présente pas de danger pour les enfants ni pour la mère, tant que l’alimentation est suffisante et l’état physique stable.
Cependant, certaines situations médicales particulières peuvent nécessiter un avis professionnel.
Dans les cas suivants, il est recommandé de consulter un professionnel de santé :
- Perte de poids importante ou fatigue chronique chez la mère.
- Présence d’une pathologie chronique non stabilisée.
- Traitement médical incompatible avec l’allaitement.
- Infection sévère ou contagieuse.
- Douleurs persistantes ou engorgements fréquents.
Un suivi régulier avec une sage-femme ou un médecin permet de s’assurer que la production de lait reste suffisante, que la santé maternelle est préservée, et que les besoins nutritionnels des deux enfants sont bien couverts.
Chaque situation est unique. Le co-allaitement n’est pas une obligation, mais un choix qui doit rester en accord avec le bien-être de toute la famille. L’écoute du corps, le soutien de l’entourage, et l’accompagnement médical sont les meilleurs repères pour avancer sereinement. C'est souvent une suite logique à un allaitement pendant la grossesse.
C'est une aventure singulière, aussi naturelle qu’exigeante. Mais elle peut offrir un lien renforcé, favoriser un allaitement prolongé et répondre aux besoins émotionnels des enfants en douceur.
Allaiter deux enfants, c’est aussi apprendre à s’écouter, à adapter les rythmes, à faire des choix sans culpabilité. Chaque mère construit son propre équilibre.
En cas de doute ou de fatigue, un soutien médical ou lacté peut vraiment faire la différence.
Références :
- https://www.mpedia.fr/art-allaiter-enceinte/
- https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-04219955v1/file/M%C3%A9moire%20Volle%20Jade%20version%20finale.pdf
- Poursuite de l’allaitement maternel lors d’une nouvelle grossesse : le vécu des mères sur l’instauration d’un co-allaitement
- https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33478010/




