Régurgitations, pleurs, tétées écourtées : le RGO (reflux gastro-œsophagien) touche de nombreux nourrissons allaités.
Ces remontées de lait parfois spectaculaires sont souvent liées à l’immaturité du système digestif. Ce problème fréquent inquiète, mais se gère habituellement sans médicament.
Allaiter un bébé RGO demande un peu d’observation et beaucoup de douceur. En adaptant la position d’allaitement, en surveillant le réflexe d’éjection du lait, ou encore en ajustant votre alimentation, vous pouvez considérablement réduire les régurgitations et apaiser les pleurs.
Cet article vous explique les causes, les signes et les solutions du reflux gastro-œsophagien infantile. Vous y trouverez des conseils pour aider votre enfant à mieux dormir, à digérer en douceur et à retrouver un équilibre naturel. Chaque geste compte pour favoriser la sérénité du bébé et celle des parents.
Nous vous aiderons à comprendre le reflux du nourrisson allaité, à repérer les signes qui doivent alerter, et surtout à adopter les bons gestes pour soulager votre enfant tout en préservant votre allaitement. Entre positions d’allaitement adaptées, rythme des tétées et écoute du corps de votre bébé, découvrez des solutions concrètes pour vivre plus sereinement l’allaitement RGO.
Qu’est-ce que le RGO chez le nourrisson ?
Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est le nom médical pour les remontées du contenu de l’estomac vers l’œsophage. Chez le tout-petit, c’est extrêmement courant, car le sphincter entre l’estomac et l’œsophage est encore immature.
Il existe deux types de RGO.
Le reflux physiologique
Ce sont de simples régurgitations :
- le bébé est souriant,
- sa croissance est normale,
- il n'y a pas de retentissements sur sa santé.
Ces régurgitations surviennent surtout entre 2 et 4 mois après la naissance et se calment avec la station assise puis la marche.
Le reflux pathologique
Les symptômes sont plus marqués ou persistants :
- ils impactent l’alimentation,
- le sommeil,
- la prise de poids,
- le confort (pleurs, refus de téter, œsophagite diagnostiquée).
Cette forme nécessite un avis médical et une prise en charge adaptée.
La majorité des nourrissons relèvent du RGO physiologique : réassurance, mesures posturales et conseils pratiques suffisent souvent.
Les explorations et traitements médicamenteux sont généralement réservés aux formes compliquées.
Quels sont les symptômes du RGO chez un bébé allaité ?
Les manifestations sont variables d’un enfant à l’autre. Chez un nourrisson ayant un reflux lors de l'allaitement, il est possible d'observer :
- Des vomissements ou régurgitations après les tétées (parfois en jet), sans effort abdominal marqué.
- Des pleurs, une irritabilité qui s’apaisent en position verticale.
- Un rejet du sein par inconfort (grimaces, cambrures, lâchers-prises répétés).
- Un sommeil perturbé : micro-réveils, besoin d’être porté.
- Un ralentissement pondéral si les apports deviennent insuffisants.
- Un hoquet, une toux, un enrouement, régurgitations « silencieuses » (déglutitions répétées, salivation accrue).
- Une position en hyperextension (arc de cercle : le bébé se courbe vers l'arrière) ou des signes de gêne thoraco-abdominale.
Retenez que la remontée acide du nourrisson allaité n’explique pas tous les pleurs du soir. L’évaluation globale (croissance, confort, nombre de couches, dynamique de tétée) est essentielle. La plupart du temps, les pleurs isolés, sans autre signe d’alerte, ne justifient pas à eux seuls un traitement anti-reflux. Si vous avez un doute, n'hésitez pas à parler de ces symptômes avec votre pédiatre ou votre sage-femme.
Dans les cas de reflux importants, les signes peuvent impressionner (pleurs, cris, agitation, ...).
💡 Les nourrissons qui souffrent d’un RGO ressentent parfois une véritable douleur digestive, liée aux remontées acides qui irritent leur œsophage encore fragile.
Il est important de pouvoir en parler librement avec votre médecin pour trouver des solutions efficaces et vous rassurer. La situation peut être difficile aussi pour les parents.
Faut-il continuer à allaiter en cas de reflux gastro-œsophagien du bébé ?
Oui. Dans les situations d'allaitement et de RGO, la poursuite de l’allaitement est recommandée.
Le lait maternel se digère rapidement, favorise une vidange gastrique plus efficace et présente un profil protecteur pour la muqueuse œsophagienne.
💡 Les recommandations publiques insistent sur l'importance de la poursuite de l'allaitement, en adaptant les gestes et le rythme selon la tolérance du bébé.
La substitution par un lait épaissi ne se discute qu’en cas d’allaitement impossible ou d’échec des mesures non médicamenteuses. Épaissir le lait maternel lorsqu'il y a un RGO est une possibilité. Toutefois, cela se discute au cas par cas, sur avis médical.
Conseils pratiques pour allaiter un bébé avec un RGO
Voici quelques conseils et astuces pour aider votre bébé à mieux vivre avec les reflux.
Avoir une bonne position d’allaitement
Dans l'idéal, la position d'allaitement pour un bébé avec des reflux respecte l’axe oreille-épaule-hanche. Vous maintenez votre enfant légèrement vertical, sans pression sur l’abdomen.
Testez ces positions pour allaiter :
- Biological nurturing (BN) semi-allongée : vous êtes inclinée, le bébé est allongé sur votre ventre, menton dégagé.
- Madone inversée bien contenue : bébé est plus haut, son buste est proche du vôtre, sa tête est alignée.
- Ballon de rugby si le lait jaillit fort, cette position permet de mieux guider la prise et de soulager l’abdomen.
- Position verticale (koala) : la maman est assise. Le bébé est à califourchon sur sa jambe et son ventre est tourné vers sa mère. Vous maintenez bien son dos. Une écharpe de portage peut faciliter cette position.
Prenez le temps de vous installer confortablement. Une prise profonde limite l’aérophagie et donc les régurgitations.
Adapter le rythme des tétées
Pour allaiter un bébé RGO, privilégiez des tétées répondant à la demande, mais rythmées par des pauses régulières afin de permettre les rots et d’éviter un trop-plein soudain. Voici quelques repères :
- Proposer un sein à la fois si un réflexe d’éjection fort (REF) gêne.
- Videz un peu de lait pour diminuer cette pression (s'il y a un REF).
- Marquer 1 à 2 pauses « rot » durant la tétée.
- Après la tétée, garder l'enfant en position verticale durant 20–30 minutes, si possible.
- Éviter les intervalles trop longs qui majorent la faim… et l’avidité.
Ces mesures simples sont recommandées pour limiter l’inconfort lié au reflux gastro-œsophagien pendant l'allaitement.
Surveiller l’hyperlactation ou le REF
Quand le débit de lait est très abondant, le bébé avale vite, tousse, s’énerve… ce qui peut entretenir le cercle RGO et coliques pendant l'allaitement.
💡Un afflux de lait trop rapide peut aussi mimer ou majorer un reflux du nourrisson allaité.
Les principaux signes évocateurs d'une hyperlactation ou d'un REF sont :
- des tétées très brèves mais fréquentes,
- du lait qui jaillit en jet,
- des gaz fréquents,
- des selles vertes mousseuses,
- un bébé qui lâche le sein, tousse ou s’étrangle au début de la tétée.
Si vous suspectez une hyperlactation ou un REF, essayez :
- D'exprimer manuellement quelques jets avant de mettre au sein (pour que la pression diminue).
- D'allaiter en position Biological Nurturing (semi-allongée) pour ralentir le flux.
- De privilégier des tétées plus rapprochées et calmes.
Si les symptômes persistent, faites le point avec une sage-femme, une consultante en lactation ou votre pédiatre.
Éviter les pressions abdominales
Tout ce qui comprime le ventre augmente le risque de reflux gastrique. Pensez à :
- Desserrer la couche (pas sur l’ombilic).
- Éviter les ceintures, le porte-bébé trop serré, les vêtements rigides.
- Maintenir votre enfant sans appuyer sur son ventre.
- Limiter les jeux trop agités juste après la tétée.
Pratiquer le burping (faire faire le rot)
La déglutition d’air favorise la remontée acide chez le nourrisson allaité. Le burping (rot) est donc utile. Il est conseillé de :
- Finir chaque tétée par une position verticale (épaule, portage).
- Interrompre la tétée pour un rot si vous entendez de l’air avalé.
- Éviter de coucher l'enfant immédiatement après la tétée.
- D'attendre le rot avant de coucher l'enfant, même pour un bébé allaité (s'il a des RGO).
Même si les études ne prouvent pas toutes l’efficacité du rot, il peut aider certains bébés à se sentir mieux.
L’alimentation de la maman peut-elle influencer le RGO du bébé allaité ?
L'alimentation durant l'allaitement suscite souvent des questions. La plupart des bébés tolèrent sans souci l’alimentation habituelle de leur mère. Aucun aliment n’est universellement « déclencheur ». Néanmoins, certains enfants semblent plus sensibles.
Un journal alimentaire (sans restrictions systématiques) peut aider à repérer un lien temporel entre la consommation de certains aliments et un inconfort (ex. repas très gras, chocolat, café, agrumes, PLV, ...).
Si votre médecin suspecte une allergie aux protéines de lait de vache (APLV), il peut proposer un essai d’éviction temporaire et encadré des PLV dans votre alimentation. La réintroduction est généralement testée par la suite.
Demandez conseil à un professionnel de santé avant de mettre en place une éviction prolongée.
Le lait maternel aggrave-t-il le reflux gastro-œsophagien ?
Le lait maternel n’aggrave pas le RGO :
- Il favorise la vidange gastrique.
- Il se digère mieux.
- Il réduit souvent l’intensité des symptômes par rapport aux préparations commerciales.
La priorité est d’optimiser la prise au sein, la position et le rythme des tétées.
Quand interviennent les traitements médicamenteux en cas de RGO chez le bébé ?
Les IPP/antiacides ne sont pas indiqués d’emblée : ils sont réservés aux rares cas d’œsophagite avérée ou de RGO pathologique objectivé.
La surprescription d’IPP (inhibiteurs de la pompe à protons) chez les nourrissons expose à des risques (infections, modifications du microbiote) sans bénéfice démontré pour les simples régurgitations. La décision médicamenteuse appartient au médecin, après évaluation. Ne donnez jamais de médicaments sans avis médical.
Le RGO du nourrisson n’est pas une fatalité. En associant observation des signes, postures adaptées et accompagnement professionnel, les parents disposent aujourd’hui de solutions concrètes pour améliorer le confort de leur bébé et le soulager.
L’allaitement maternel demeure une ressource précieuse : ce lait, digeste et protecteur, soutient la maturation du système digestif et renforce le lien affectif.
Au fil des mois, la maturation du système digestif réduit les reflux. La diversification facilite également la situation. Le RGO finit presque toujours par disparaître, redonnant au bébé et à ses parents, une sérénité tant attendue.
Références :
- https://med.unistra.fr/websites/med/medecine/Formations/Formation_permanente/DEFOPE/JMS_2022/6_REFLUX_NOURRISSON_Dr_Huard_.pdf
- https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2024-03/argumentaire_-_reflux_gastro-oesophagien_chez_lenfant_de_moins_dun_an_2024-03-11_11-48-56_275.pdf
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC5958910/
- https://www.vidal.fr/maladies/recommandations/rgo-du-nourrisson-1716.html#prise-en-charge




