La grossesse et l’accouchement par voie basse mettent à rude épreuve le plancher pelvien, entraînant souvent une distension des ligaments et une fragilité du périnée. En France, environ 30 % des femmes enceintes et 20 % de celles ayant accouché expérimentent des fuites urinaires post-partum. Comment ces fuites urinaires peuvent-elles évoluer et quelles solutions existent pour les gérer efficacement ? On fait le tour de la question ensemble.
Qu’est-ce que l’incontinence urinaire post-partum ?
Après un accouchement, il peut arriver qu’on ne parvienne plus à retenir l’urine comme avant. Ce trouble, qu’on appelle incontinence urinaire du post-partum, survient quand les muscles chargés de fermer la vessie manquent de tonus.
Il existe plusieurs formes d’incontinence :
- celle qui se manifeste à l’effort (éternuer, soulever un objet…) ;
- celle qui entraîne une envie d’uriner souvent, avec des besoins pressants et difficiles à contrôler.
💡 Avoir un problème de vessie après l’accouchement est fréquent. Une prise en charge adaptée permet de réduire ces symptômes et d’améliorer son confort au quotidien.

Comment la grossesse peut-elle entraîner une incontinence urinaire après l’accouchement ?
La fuite urinaire post accouchement s’explique par plusieurs facteurs physiologiques liés à la grossesse et au travail de délivrance.
Relâchement du périnée
Le périnée soutient la vessie et joue un rôle essentiel dans la continence. Lors de la grossesse, il subit une pression importante due au poids du bébé. Cette distension peut entraîner une perte de tonicité, rendant plus difficile le contrôle des sphincters urinaires.
L’état du périnée après l’accouchement est particulièrement important à surveiller, surtout si l’accouchement a été long ou difficile, car il peut être d’autant plus fragilisé. Il risque alors de ne plus parvenir à assurer une fermeture optimale de la vessie, entraînant ces fameuses fuites.
Modifications hormonales
Les hormones ont un impact direct sur les tissus musculaires. Pendant la grossesse, des hormones comme la relaxine rendent les muscles et les ligaments plus souples pour préparer le corps à l’accouchement, ce qui explique d’ailleurs pourquoi la fuite urinaire chez la femme enceinte est un problème fréquent.
Après la naissance, leur taux chute brutalement, et cette souplesse peut se transformer en manque de tonicité.
💡 Par ailleurs, la baisse des œstrogènes après l’accouchement, surtout en période d’allaitement, peut accentuer la sensibilité de la vessie et la rendre plus réactive, ce qui augmente les envies pressantes.
Déchirures périnéales ou épisiotomies
Quand le périnée est très sollicité pendant l’accouchement, il peut se déchirer naturellement ou nécessiter une épisiotomie (incision pour faciliter le passage du bébé). Ces lésions, même bien cicatrisées, peuvent laisser des zones moins toniques.
Parfois, certaines terminaisons nerveuses sont affectées, ce qui perturbe la perception des sensations et rend plus difficile le contrôle des sphincters.

Combien de temps durent les fuites urinaires après l’accouchement ?
La durée des fuites urinaires varie selon les personnes. Pour certaines, elles disparaissent en quelques semaines, dès que les muscles retrouvent un minimum de tonicité. Pour d’autres, elles persistent plusieurs mois, surtout si le périnée a été très sollicité pendant la grossesse et l’accouchement.
Généralement, on observe une amélioration dans les trois premiers mois post-partum. Pour la majorité d’entre nous, les symptômes disparaissent complètement entre 6 et 12 mois après l’accouchement avec une rééducation périnéale adaptée.

Comment réduire les fuites urinaires après l’accouchement ?
Même si l’incontinence après l’accouchement est fréquente, on peut agir pour les atténuer et retrouver un meilleur contrôle urinaire.
Rééduquer son périnée
La rééducation périnéale est essentielle pour renforcer les muscles du plancher pelvien et retrouver un bon contrôle de la vessie. Il est d’ailleurs important de rééduquer son périnée après une césarienne, tout comme après un accouchement par voie basse.
Grâce à des exercices ciblés, comme ceux de Kegel, il est possible de tonifier progressivement le périnée. La contraction et le relâchement répétés de ces muscles améliorent leur résistance et réduisent les risques de fuites.
Un suivi avec un professionnel (sage-femme ou kinésithérapeute) est recommandé pour apprendre à rééduquer sa vessie de manière appropriée.
💡 Certaines techniques, comme le biofeedback ou l’électrostimulation, peuvent être proposées pour un travail plus précis et efficace.
Maintenir un poids idéal
Un excès de poids peut augmenter la pression sur la vessie et affaiblir davantage le périnée. Après l’accouchement, il est donc important d’adopter une alimentation équilibrée et de privilégier une perte de poids progressive.
Les repas riches en fibres favorisent un bon transit intestinal, réduisant ainsi les risques de constipation, qui peut aggraver les fuites.
L’activité physique adaptée, comme la marche ou la natation, aide à stabiliser le poids sans exercer une pression excessive sur les muscles pelviens.
Éviter les efforts excessifs
Avant de reprendre une activité physique intense, il est recommandé de pratiquer des exercices adaptés pour les fuites urinaires. En effet, porter des charges lourdes ou pratiquer des exercices à fort impact (comme le running ou les abdominaux classiques) peut aggraver les problèmes d’incontinence, en mettant trop de pression sur le périnée.
Pour préserver ces muscles, il est préférable d’opter pour des activités douces, comme le yoga ou le Pilates, qui renforcent la sangle abdominale sans risques.
Adopter les bons gestes au quotidien, comme fléchir les genoux plutôt que le dos pour soulever un objet, permet aussi d’éviter des tensions inutiles.
Adopter une bonne posture
Une posture inadéquate peut nuire au périnée et accentuer les fuites urinaires. Il est conseillé de se tenir droite, d’engager les muscles profonds du ventre et de ne pas cambrer excessivement le dos.
💡 Lors des positions assises, un bon maintien du bassin et un appui correct des pieds au sol améliorent la répartition des pressions et soulagent le plancher pelvien.
Éviter certains déclencheurs
Les situations de fuite urinaire chez les femmes peuvent être aggravées par certains facteurs. Il existe des aliments et boissons qui irritent la vessie et augmentent les envies pressantes. Il est recommandé de limiter la caféine, l’alcool, les boissons gazeuses ou les agrumes.
Boire suffisamment d’eau reste important pour éviter la concentration des urines, mais sans excès pour ne pas surcharger la vessie.
Par ailleurs, éviter de fumer contribue également à diminuer les risques de fuites urinaires.
Les fuites urinaires après l’accouchement peuvent être déstabilisantes, mais en comprenant leurs causes et en appliquant les solutions proposées, vous pouvez retrouver confort et confiance. N’hésitez pas à consulter un·e professionnel·le de santé pour un accompagnement personnalisé.
Références :