On a chaud sans raison, on dort mal et notre corps semble ne plus répondre comme avant… Ces sensations vous parlent ? L’effet de la ménopause sur le corps peut surprendre, déranger, voire inquiéter. On pense souvent qu’il s’agit seulement de l’arrêt des règles, mais c’est bien plus complexe. Décryptons ensemble ce qui change dans notre corps, notre tête et notre quotidien.
Les changements hormonaux et leurs impacts
Diminutions des œstrogènes et de la progestérone
Depuis la puberté, le cycle menstruel est régulé par les hormones. Chaque mois, la FSH stimule un follicule pour produire un ovule. Sans fécondation, les taux d’œstrogènes et de progestérone chutent, entraînant les règles. Ce cycle se répète jusqu’à l’épuisement du stock de follicules.
Avec la ménopause, plus d’ovulation, donc plus de production hormonale. La fertilité s’arrête alors, généralement autour de 50 ans. Avant 40 ans, on parle de ménopause précoce. Cette chute hormonale est aussi responsable de nombreux symptômes physiques, comme l'apparition fréquente de douleur pelvienne chez la femme ménopausée.
Mais combien de temps peut durer la ménopause ? Ce bouleversement est précédé par la périménopause, une période de 2 à 4 ans marquée par des cycles irréguliers et des symptômes parfois très perturbants…
Influence sur le métabolisme
Avec la chute des œstrogènes, notre métabolisme ralentit naturellement. On dépense moins d’énergie au repos, ce qui rend la gestion du poids plus compliquée. Mais ce bouleversement hormonal peut entraîner des modifications plus profondes, parfois invisibles.
Chez certaines personnes, la ménopause favorise ce qu’on appelle un syndrome métabolique. Cela se traduit par un déséquilibre du profil lipidique (plus de « mauvais » cholestérol LDL, de triglycérides, d’acides gras libres… et moins de « bon » cholestérol HDL).
On observe aussi une élévation de la glycémie, une tension artérielle plus haute et une tendance à accumuler la graisse au niveau du ventre.
Effets sur l’humeur et le bien-être émotionnel
Pendant la périménopause et la ménopause, la baisse des œstrogènes et de la progestérone influence les neurotransmetteurs comme la sérotonine ou la dopamine, qui jouent un rôle important dans la régulation de l’humeur.
On peut alors se sentir plus irritable, anxieuse, démotivée, ou même sombrer dans une forme de tristesse persistante. Et comme le sommeil est souvent perturbé, la fatigue mentale vient aggraver ces ressentis.

Effets physiques de la ménopause
Prise de poids et métabolisme ralenti
À la ménopause, beaucoup de femmes prennent du poids sans changer leurs habitudes. La baisse des œstrogènes, notamment de l’œstradiol, perturbe la régulation de l’appétit.
💡 On ressent moins bien la satiété, ce qui pousse à manger davantage.
En parallèle, le métabolisme de base ralentit et le corps dépense moins d’énergie, même au repos. Cela signifie qu’un même repas, consommé avant et après la ménopause, ne sera plus « brûlé » de la même manière. Le corps a changé ses règles du jeu.
À cela s’ajoutent parfois le stress, la fatigue ou le moral en berne, qui modifient le rapport à l’alimentation.
Changement de la peau et des cheveux
Avec la chute des œstrogènes, la peau devient plus fine, sèche et moins élastique. Cette perte de souplesse est liée à la diminution du collagène, qui peut chuter de 30 % dans les cinq ans suivant la ménopause. Les rides sont accentuées, le teint plus terne et la peau fragilisée.
Côté cheveux, les œstrogènes favorisent normalement la pousse et la densité. Après la ménopause, ils deviennent donc plus fins, tombent davantage et restent moins longtemps en phase de croissance. On observe aussi parfois une pilosité faciale plus marquée, tandis que les poils du corps et du pubis diminuent.
Douleurs articulaires et musculaires
Les douleurs musculaires et articulaires sont fréquentes à la ménopause. Elles se manifestent sous forme de raideurs matinales, de courbatures persistantes ou de gênes localisées, comme au niveau des épaules, des poignets ou des genoux.
Ce phénomène s’explique en grande partie par la baisse des œstrogènes et de la progestérone, qui contribuaient à maintenir la masse musculaire, à préserver le cartilage et à limiter l’inflammation. Quand elles chutent, l’organisme devient plus sensible aux douleurs et plus exposé aux troubles musculo-squelettiques.
Certaines femmes voient alors apparaître ou s’aggraver des pathologies déjà présentes, comme les tendinopathies ou le syndrome du canal carpien.
💡 Ces douleurs peuvent devenir chroniques et altérer la qualité de vie.
Troubles du sommeil et fatigue
La ménopause est l’une des périodes de la vie où les troubles du sommeil sont les plus fréquents. Environ une femme sur deux en souffre.
Bouffées de chaleur, réveils nocturnes, insomnies ou jambes sans repos perturbent la nuit et entraînent fatigue, irritabilité et troubles de la concentration. Le sommeil est fragmenté, peu réparateur, et on se lève plus fatiguée qu’en se couchant.
Ces troubles illustrent bien le lien étroit entre fatigue et ménopause. D’ailleurs, les risques d’apnées du sommeil augmentent aussi, avec le déclin des œstrogènes. Ces hormones aident normalement à maintenir une bonne ventilation nocturne et un tonus musculaire suffisant.
Les autres effets de la ménopause sur le corps
Bouffée de chaleur et sueurs nocturnes
Les bouffées de chaleur concernent environ sept femmes sur dix à la ménopause. Elles se traduisent par une montée soudaine de chaleur depuis le torse jusqu’au visage, souvent accompagnée de sueurs, rougeurs, frissons ou palpitations.
Ces épisodes généralement brefs peuvent survenir plusieurs fois par jour, voire par heure. La nuit, ils prennent la forme de sueurs nocturnes, perturbant le sommeil.
Chaleur, alcool, émotions ou effort physique peuvent les déclencher. Chez certaines femmes, elles disparaissent en quelques mois. Pour d’autres, elles durent plusieurs années, affectant le confort de vie et la qualité du repos.
Sécheresse vaginale et impact sur la sexualité
Après les bouffées de chaleur, la sécheresse vaginale est l’un des symptômes les plus fréquents de la ménopause, surtout sans traitement hormonal. Elle résulte de la baisse des œstrogènes, qui réduit la lubrification naturelle et la souplesse des tissus.
Les rapports peuvent devenir inconfortables, voire douloureux (dyspareunie). Si la sécheresse persiste, elle peut s’accompagner d’atrophie des muqueuses, rendant les rapports difficiles, voire impossibles.
Et comme la lubrification dépend aussi de l’excitation, de la détente et de la confiance, la question de la ménopause et de la libido se pose souvent.
💡 À cette période, le corps réagit plus lentement, demande plus de stimulation et de douceur. Alors, prenez votre temps… Sans pression, juste avec plaisir !
Troubles de la mémoire et difficultés de concentration
À la ménopause, il n’est pas rare d’avoir du mal à se concentrer, d’oublier un mot ou un rendez-vous. Ce genre de troubles cognitifs, pourtant fréquents, est souvent minimisé. Et pourtant, ce « brouillard mental » existe bel et bien. Il peut d’ailleurs rendre certaines tâches du quotidien beaucoup plus laborieuses.
Ce phénomène est plus fréquent pendant la périménopause, et peut s’aggraver en cas de stress, d’anxiété ou de troubles du sommeil. Heureusement, il est généralement transitoire.

Les effets à long terme de la ménopause sur la santé
Risques cardiovasculaires accrus
Avant la ménopause, les femmes sont globalement moins exposées aux maladies cardiovasculaires que les hommes. Ce bénéfice s’explique par l’effet protecteur des œstrogènes sur le système vasculaire.
Mais après la ménopause, cette protection disparaît, et les risques d’hypertension, de cholestérol élevé ou d’accidents vasculaires augmentent.
Le traitement hormonal (THM) a été largement discrédité dans les années 2000, notamment après une étude qui suggérait une hausse des risques cardiovasculaires. Mais depuis, d’autres recherches ont permis de mieux comprendre le rôle des œstrogènes et de relativiser les premiers résultats.
Ostéoporose et fragilité osseuse
Le remodelage osseux est un processus naturel influencé par nos gènes, mais aussi par les hormones, en particulier les œstrogènes. Ces derniers freinent la destruction de l’os ancien et stimulent la formation d’os nouveau.
À la ménopause, leur chute brutale accélère la perte osseuse, notamment durant les 5 à 10 années qui suivent. C’est ce qui explique pourquoi l’ostéoporose touche deux à trois fois plus de femmes que d’hommes.
Ce phénomène rend les os plus fragiles, en particulier au niveau du col du fémur, du poignet ou des vertèbres. Sans prévention, le risque de fracture augmente nettement.
Impact sur la santé mentale
La ménopause peut aussi peser sur le moral. Beaucoup de femmes se sentent plus fragiles émotionnellement pendant cette période, sans toujours faire le lien avec les hormones.
Et pourtant, la chute des œstrogènes influence directement les zones du cerveau qui régulent l’humeur. On peut alors se sentir plus anxieuse, irritable, ou même submergée par une tristesse qu’on ne comprend pas.
L’insomnie, la perte d’énergie ou le manque de confiance en soi peuvent s’installer doucement. Écouter ce que l’on ressent, reconnaître ce qui change, c’est déjà faire un pas vers plus de bienveillance envers soi-même.
Risques de cancers
Si après la ménopause, les risques de certains cancers du sein et gynécologiques augmentent, c’est avant tout parce qu’ils dépendent de l’âge et de la durée d’exposition aux hormones au cours de la vie. Les cancers du sein et de l’endomètre sont donc plus élevés chez les femmes qui ont eu une puberté précoce ou une ménopause tardive.
Quant au cancer de l’ovaire, il est souvent silencieux et touche surtout les femmes de plus de 45 ans, notamment en cas d’antécédents familiaux ou de mutations génétiques.

Comment atténuer les effets de la ménopause sur le corps ?
Alimentation adaptée
Le lien entre alimentation et ménopause est fondamental pour gérer les symptômes et prévenir les maladies chroniques. On mise sur les fruits, légumes, légumineuses, sources de calcium et d’oméga-3.
💡 Il est conseillé de limiter les sucres rapides, l’alcool et les graisses saturées.
Activité physique
Bouger régulièrement aide à préserver les muscles, les os, le cœur… mais aussi le moral ! Pas besoin d’être une grande sportive : marche, yoga, natation ou danse sont excellents. L’activité physique réduit aussi les bouffées de chaleur et favorise un meilleur sommeil.
Traitement possible
Le traitement hormonal de la ménopause (THM) peut soulager les symptômes, mais doit être prescrit après un bilan médical. Des alternatives non hormonales, naturelles ou médicamenteuses, sont aussi possibles. Parlez-en à votre médecin !
Gestion du stress
Méditation, respiration, sophrologie ou simplement des temps de pause permettent de mieux vivre cette transition. Écouter son corps, ralentir, et s’accorder de la bienveillance fait aussi partie du traitement.
La ménopause transforme le corps, l’esprit et le quotidien. Même si on ne les ressent pas toutes, de nombreuses femmes évoquent des troubles variés parmi les 34 symptômes de la ménopause habituels. Comprendre les mécanismes en jeu permet de s’adapter pour mieux vivre cette étape. On peut traverser cette période avec douceur, si on est bien informée et accompagnée. Alors, parlons-en et prenons soin de nous !
Références :
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- Ménopause · Inserm, La science pour la santé